La Société d’Anthropologie de Paris fut fondée le 19 mai 1859 par Paul Broca et 19 autres personnalités scientifiques. Son rayonnement s’impose rapidement, parallèlement à l’accroissement du nombre de ses membres ; elle est reconnue d’utilité publique le 21 juillet 1864.
Son fondateur, Paul Broca (1824-1880) en restera le secrétaire général jusqu’à sa mort. Il est l'un des pères de l’anthropologie dans son acception “moderne”, c'est-à-dire, selon ses propres mots, s’intéressant à “l'étude du groupe humain dans son ensemble, dans ses détails, et dans ses rapports avec le reste de la nature”. Professeur de médecine, chirurgien et pathologiste, il identifie (dans l’aire qui porte désormais son nom) la localisation cérébrale du langage. Soucieux de quantification, il invente de nombreux instruments et indices anthropométriques ; il développe l’anatomie comparée des primates et est le premier à étudier l’Homme de Cro-Magnon (découvert en 1868). Il est parfois le reflet des préjugés de son temps (il croit en la hiérarchie des “races”) mais est aussi un homme engagé, évolutionniste convaincu, lié aux libres-penseurs, anti-esclavagiste et sénateur de la gauche républicaine.
Notre société d’anthropologie est la plus ancienne du monde à porter ce nom, qui signifie bien que l’être humain est au cœur de ses préoccupations. Au départ, elle regroupe des disciplines qui ont acquis depuis leur propre autonomie (préhistoire, ethnographie, médecine légale, démographie, sociologie, etc.). Elle ne traite maintenant que d’anthropologie biologique mais elle a gardé sa position centrale, au carrefour des autres sciences. Sa spécificité est de placer la dimension biologique des humains au cœur de sa démarche qui est, avant tout, une approche inter-disciplinaire. Au cours de son existence, elle a su aussi, et c’est la preuve de sa vitalité, accueillir des approches nouvelles (biologie moléculaire, génétique et paléogénétique, imagerie tri-dimensionnelle, archéologie funéraire, auxologie, alimentation, etc.).